Billet du Père Podvin

DANS UN TUNNEL, SANS LAMPE FRONTALE ?

« Nous sommes dans un tunnel sans lampe frontale » vient de dire cet intervenant sur un plateau de télévision.
Dans un tunnel ? Oui, si l’on considère la concomitance historique d’épreuves à traverser.
Oui, si l’on compare mars 2020 et l’hiver 2020 en termes d’aggravation réelle de nombreux indicateurs.
Oui, si l’on admet ne rien pouvoir prédire de la temporalité des résolutions de cette crise, véritable hydre à visages viral, économique, social, moral, écologique, terroriste, géopolitique…
Oui, si l’on considère parlante la métaphore du tunnel n’indiquant d’autre perspective que « d’aller tous vers une issue inconnue » et sans choix alternatif.
Oui, mais pas sans lampe frontale !
Et c’est là, ma grande objection à cet orateur.
Pas sans la résilience lumineuse et  extraordinaire dont font preuve tant de gens si discrètement dans l’adversité.
Pas sans l’ingéniosité éclairante qui fait progresser les connaissances de crise en crise.
Pas sans la maturité réchauffante qui forge la patience et génère la solidarité.
La lampe frontale est plus « faiblarde » certains jours déprimants ? Qui le niera !
La lampe frontale est « clignotante » selon le choc de certains événements ? Qui dira le contraire !
La lampe frontale est souvent vacillante, menacée de manquer d’huile d’évangile? Qui n’aurait l’humilité spirituelle de le reconnaître…
L’apôtre Paul, que les épreuves cumulatives n’ont pas épargné, nous livre cette perle pour temps de crise :

« Qui nous séparera de l’amour du Christ » Romains 8,35
Entendons bien son propos : il ne crâne pas, s’arrogeant un trophée d’invincibilité face à la liste des dangers. Il valorise la source vivifiante ! « Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur » (8,38)
User, en cet éditorial, de la certitude d’une lampe frontale n’est pas un effet de style. Nous ne sommes pas quémandeurs d’une « dose dont il faudrait doper » notre vulnérabilité. Il est ici question de l’amour venant de Jésus !
Alors oui, il est essentiel de prier comme Paul : « Ni la mort, ni la vie, ni les dominations, ni le présent, ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs, ni celles des profondeurs, ni aucune créature, rien ne pourra nous séparer de Celui qui nous a aimés et intercède pour nous » 8, 39 et 34.
Les semaines à vivre ne sont pas un nouveau confinement, mais un confinement nouveau.
Nous ne sommes en effet jamais dans le copié collé quand il est question d’humanité et du réel qui s’est transformé en ombres et lumières.
L’amour venu de Jésus sera «lumière dans notre obscurité» si notre lampe frontale se fait fraternité, comme nous y appellent les redoutables signes des temps.
« Nous ne nous sauverons pas les uns sans les autres » est l’exact message de qui veut vaincre les graves crises humanitaires en cours.
Mais il faut préciser : « En tout cela, par Celui qui nous a aimés ! » (8, 37)
C’est de Lui que notre fraternité prend sens et vie.
Bien unis à vous tous ! A parcourir le tunnel éprouvant, que la lampe éclaire de son indéfectible amour.

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde.